Article original
Évaluation des erreurs d’administration des médicaments injectables en néonatologieEvaluation of administration errors of injectable drugs in neonatology

https://doi.org/10.1016/j.pharma.2015.04.001Get rights and content

Résumé

Objectif

L’usage des médicaments injectables chez les nouveau-nés nécessite des précautions particulières afin d’assurer le maximum de sécurité et d’efficacité. Le but de ce travail était de recueillir les erreurs relatives à l’administration des médicaments injectables et de proposer des mesures correctives.

Méthodes

Il s’agit d’une étude transversale descriptive ayant évalué 300 administrations de médicaments injectables dans un service de néonatologie parmi lesquels 261 comportaient une erreur, par observation directe des actes d’administration.

Résultats

Les erreurs observées sont : un mélange inapproprié (2,6 %) ; une vitesse d’administration incorrecte (33,7 %) ; les reconstitutions et dilutions incorrectes (26,7 %) ; erreur dans le calcul de la dose à injecter (16,7 %) ; erreur lors des prélèvements de faible volume (6,3 %) ; omission d’administration ou erreur d’horaire (1 %).

Conclusion

Ces données ont permis d’évaluer l’administration des médicaments injectables en néonatologie. Les différents types d’erreurs observées pourraient être source d’inefficacité thérapeutique, de prolongation des durées de séjour ou d’iatrogénie médicamenteuse. Suite à ces observations, des actions correctives ont été entreprises par les pharmaciens : organisation de séances de formation pour les infirmiers du service ; élaboration d’un guide explicatif pour la reconstitution et l’administration des médicaments injectables qui a été mis à la disposition du service clinique. Des stratégies de collaboration médecin–pharmacien–infirmier peuvent contribuer à la réduction des erreurs dans le circuit des médicaments et essentiellement lors de leur administration. Elles permettront d’optimiser l’usage des médicaments entre-autre injectables offrant une plus grande sécurité et une meilleure efficacité.

Summary

Objective

Use of injectable drugs in newborns represents more than 90% of prescriptions and requires special precautions in order to ensure more safety and efficiency. The aim of this study is to gather errors relating to the administration of injectable drugs and to suggest corrective actions.

Methods

This descriptive and transversal study has evaluated 300 injectable drug administrations in a neonatology unit. Two hundred and sixty-one administrations have contained an error. Data are collected by direct observations of administrative act.

Results

Errors observed are: an inappropriate mixture (2.6% of cases); an incorrect delivery rate (33.7% of cases); incorrect dilutions (26.7% of cases); error in calculation of the dose to be injected (16.7% of cases); error while sampling small volumes (6.3% of cases); error or omission of administration schedule (1% of cases).

Conclusion

These data have enabled us to evaluate administration of injectable drugs in neonatology. Different types of errors observed could be a source of therapeutic inefficiency, extended lengths of stay or iatrogenic drug. Following these observations, corrective actions have been undertaken by pharmacists and consist of: organizing training sessions for nursing; developing an explanatory guide for dilution and administration of injectable medicines, which was made available to the clinical service. Collaborative strategies doctor–nurse–pharmacist can help to reduce errors in the medication process especially during his administration. It permits improvement of injectable drugs use, offering more security and better efficiency and contribute to guarantee ideal therapy for patients.

Introduction

Les médicaments injectables représentent la plus grande partie des médicaments administrés chez les patients hospitalisés. Ces derniers nécessitent le plus souvent une prise en charge rapide. Ces médicaments permettent d’atteindre rapidement la concentration plasmatique d’équilibre. Cependant, l’administration de ces médicaments injectables nécessite des actes invasifs qui exposent le patient à plusieurs risques.

Particulièrement en néonatologie, les patients sont très fragiles. L’absence de dosages appropriés pour les nouveau-nés les expose à des risques surajoutés par les médicaments injectables. Il a été rapporté que les erreurs d’administration de ces médicaments sont fréquentes et peuvent concerner le débit, les doses ou même la technique d’administration [1], surtout que cet acte d’administration est déjà un acte infirmier à haut risque [2]. Sears et al. [3] rapportent que l’infirmière passe environ 40 % de son temps de travail à administrer des médicaments et que l’usage d’un seul médicament nécessite entre 30 et 40 étapes, ce qui augmente considérablement le risque d’erreur. Ceci prouve que cette étape est cruciale dans le circuit du médicament d’où l’intérêt que nous avons porté à cet acte, surtout que 40 % des erreurs sont évitables au cours de l’administration versus 76 % des erreurs qui sont évitées lors de l’étape de prescription [4].

À côté des risques liés aux médicaments injectables, les nouveau-nés peuvent recevoir des doses infra-thérapeutiques qui les exposent à l’inefficacité du traitement administré. Il a été rapporté que 2,5 à 6 % des enfants hospitalisés présentent un effet indésirable iatrogène au cours de leur hospitalisation [2]. Ceci peut être dû à des erreurs dans l’acte d’administration ou à l’usage de dispositifs d’administration inappropriés à la population pédiatrique [1].

Étant impliquée dans ce circuit, l’infirmière peut jouer un rôle clé dans la prévention des erreurs d’administration [4]. La collaboration entre médecin–pharmacien–infirmière est très bénéfique du moment où elle permet un meilleur usage du médicament. Le pharmacien peut intervenir à tous les stades de la dispensation du médicament afin d’augmenter la vigilance quant à l’usage de ces produits. Il permet ainsi d’améliorer leur efficacité, leur sécurité et surtout de diminuer l’iatrogénie médicamenteuse qu’ils peuvent engendrer spécialement chez les nouveau-nés. Il peut contribuer également au bon choix du dispositif d’administration qui génère le moins de réactogénicité lors de l’administration. Walsh et al. [1] rapportent un tel problème avec la vaccination chez les nourrissons : il a été noté que la réaction inflammatoire locale est diminuée quand l’aiguille d’injection est longue plutôt que lorsque le diamètre est petit. Ceci est expliqué par le fait qu’une aiguille longue assure une bonne administration dans le muscle de la cuisse.

Dans ce contexte, nous nous sommes intéressés à l’administration des médicaments injectables dans le service de néonatologie, de relever les erreurs associées à leur usage et de mettre en place des actions correctives qui vont sécuriser davantage l’utilisation du médicament injectable et optimiser son efficacité, améliorant ainsi la prise en charge thérapeutique du nouveau-né hospitalisé.

Section snippets

Patients et méthodes

Notre étude est une étude prospective descriptive transversale menée sur les 2 mois de juillet et août 2014. Elle a été réalisée au sein du service de néonatologie réparti en plusieurs secteurs selon les motifs d’admission : nous distinguons le secteur de réanimation néonatale, la pouponnière et le secteur soins. Au sein de ce service, les prescriptions ont été rédigées manuellement par les internes ou les résidents et ont été contrôlées par un médecin senior sur des ordonnances pré-imprimées

Résultats

Au cours de cette étude, 300 observations ont été effectuées. Trente-neuf administrations étaient correctes donc 261 fiches ont été remplies à raison d’une fiche par médicament. Si un médicament a été concerné par plusieurs erreurs (dose à préparer, solvant de dilution et voie d’administration par exemple), une seule fiche est remplie comportant toutes les erreurs. Si un patient recevait plusieurs médicaments et que 2 médicaments ou plus posaient des problèmes, alors 2 fiches ou plus sont

Discussion

En milieu hospitalier, les erreurs médicales sont plus ou moins fréquentes et les erreurs médicamenteuses sont les principales causes de ces erreurs [5]. Lenclen a rapporté un taux d’erreurs médicamenteuses de 77 % [5]. Le risque de ces erreurs dépend de plusieurs facteurs depuis l’étape de prescription jusqu’à l’administration proprement dite [5]. Leur fréquence varie en fonction de plusieurs paramètres comme la nature de la spécialité médicale ou chirurgicale. En effet, la réanimation, la

Conclusion

Notre étude montre des taux élevés d’erreurs d’administration des médicaments injectables, sans compter les erreurs qui concernent les autres étapes et les autres voies d’administration.

De telles études évaluant les pratiques courantes s’intègrent dans une démarche qualité et soulignent la nécessité d’élaborer des médicaments et des équipements adaptés à la néonatologie et surtout des formes galéniques adaptées à cette catégorie de patients. Dans l’attente de ceux-ci, il est très important

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Cited by (8)

  • Improving safety of preparation and administration of medicines and enteral nutrition in a neonatal care unit: Global risk analysis

    2020, Annales Pharmaceutiques Francaises
    Citation Excerpt :

    This increases the risk of medication errors for this population because of the complexity of the form adaptation and dose calculation during the preparation as well as the administration of medicines to the infants. Several medication errors were identified by different studies in neonatal care units as: dilution error (10 to 27%), calculation error (16,7%), patient's identity error, omission of administration (10 to 35%), error of flow (24 to 33%), error of time's administration (11 to 50%), error of dose (3 to 4%), error of route of administration (3%) [3–6]. Besides, since the evolution of maternity in our hospital from level 2A to level 2B in 2011, inducing an increase of the level of care and generating new needs as parenteral nutrition, medication use system safety has been implemented in the neonatal care unit by computerizing the prescription, validation of preparation and administration protocols on the most used injectable medicines by two pharmacists and the referent pediatrician of the service, restriction of the medicines that can be used in the service according to a reference list made by the pharmacist and the referent pediatrician and the securisation of the global and emergency delivery of medicines for this service.

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