Cas clinique
Récupération sans séquelle après trois heures d’arrêt cardiaque en hypothermie à 22 °C au décours d’un coma toxiqueResuscitation after three hours of cardiac arrest with severe hypothermia following a toxic coma

https://doi.org/10.1016/j.annfar.2008.04.018Get rights and content

Résumé

Nous rapportons l’observation d’une femme de 37 ans, prise en charge à son domicile en asystolie et hypothermie à 22 °C dans les suites d’une intoxication médicamenteuse volontaire par benzodiazépines et antidépresseurs tricycliques. Après intubation trachéale et transfert en milieu hospitalier par le Samu, la réanimation a comporté un réchauffement par circulation extracorporelle à l’origine d’une reprise d’activité cardiaque sous adrénaline, après plus de trois heures de compressions thoraciques. Les suites ont été marquées par une excellente récupération neurologique, autorisant la sortie de réanimation après deux semaines. La discussion aborde l’intérêt de l’oxygénation extracorporelle dans cette situation, la neuroprotection et les éléments favorables incitant à une réanimation prolongée.

Abstract

We report the case of a 37-year-old woman who survived from severe hypothermia (rectal temperature: 22 °C) and prolonged cardiac arrest with asystole after benzodiazepine and tricyclic antidepressant poisoning. Basic-cardiopulmonary resuscitation and mechanical ventilation was started by a French Mobile Intensive-Care unit. Spontaneous circulation was restored at 25 °C under epinephrin after three hours of chest compression from home to the intensive-care unit and rewarming with extracorporeal circulation. The patient was discharged at day 13 without any neurological deficit. The discussion focusses on the benefit of extracorporeal-membrane oxygenation (ECMO) as extracorporeal circulation device through femoral access, the differential diagnosis between death and recoverable cardiac arrest and neuroprotection.

Introduction

Il est acquis qu’une réanimation cardiopulmonaire (RCP) prolongée doit être mise en œuvre devant une inefficacité circulatoire chez un patient en hypothermie profonde [1]. Nous rapportons l’observation d’une femme âgée de 37 ans, prise en charge à domicile en état de mort apparente et hypothermie à 22 °C après intoxication médicamenteuse volontaire, qui a présenté une récupération sans séquelle après avoir bénéficié de trois heures et quinze minutes de compressions thoraciques, puis de la mise en place d’une circulation extracorporelle par voie périphérique. Ce cas clinique rappelle qu’en l’absence de reprise d’activité cardiaque, le décès ne peut être affirmé avec certitude avant réchauffement. Pour autant, l’association d’une asystolie à une hypothermie reste indissociable d’une mort avérée. Cela amène à discuter les éléments permettant d’évaluer les chances de récupération dans de telles circonstances, ainsi que l’intérêt de l’oxygénation extracorporelle (extracorporeal-membrane oxygenation ou ECMO) en tant que dispositif simple d’assistance circulatoire par abord vasculaire périphérique, en relais d’une séquence prolongée de compressions thoraciques.

Section snippets

Observation

Sur appel d’un proche, une femme, âgée de 37 ans, aux antécédents de dépression, a été prise en charge à son domicile par des sapeurs pompiers et une équipe du Smur pour arrêt cardiaque. Outre l’asystolie, étaient relevées une mydriase bilatérale aréactive et une température rectale à 22 °C (Moniteur multiparamétrique Corpuls 08/16) sans rigidité ni marbrures. Des points de compression cutanés étaient notés, en faveur d’un coma prolongé. La prise en charge associait la réalisation de

Discussion

Plus que la profondeur de l’hypothermie, c’est la durée des compressions thoraciques, à laquelle s’ajoutent la durée inconnue d’arrêt cardiaque avant prise en charge et l’évolution neurologique particulièrement favorable, qui constituent les principales originalités de ce cas clinique. Une revue de la littérature fait apparaître que des restaurations hémodynamiques ne sont pas rares en deçà de 25 °C de température corporelle, chez l’adulte et l’enfant [2] avec un cas extrême rapporté à 13,7 °C [3]

Conclusion

Ce cas souligne l’importance d’une réflexion approfondie à chaque étape de la prise en charge et l’intérêt du neuromonitorage moderne. Il plaide pour un allongement éventuel des délais de transfert après médicalisation, afin d’orienter le malade vers un centre de haute technologie. Il incite également à ne pas déclarer décédés les patients en état de mort apparente et hypothermie. Cependant, si toutes les chances doivent être données de réanimer une hypothermie accidentelle, prise en charge

Références (22)

  • Mantz J, Lasocki S, Fierobe L. Hypothermie accidentelle. In: Sfar, editor. Conférences d’actualisation. 39e Congrès...
  • Cited by (0)

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