Cas clinique
Choc peranesthésique d'étiologie probablement anaphylactique à l'atracurium traité avec succès par circulation extracorporelleSuccessful extracorporeal resuscitation of a probable perioperative anaphylactic shock due to atracurium

https://doi.org/10.1016/j.annfar.2005.02.008Get rights and content

Résumé

Nous rapportons le cas d'une femme de 55 ans, ASA 2 qui devait être opérée d'une cholécystectomie et qui a présenté 25 minutes après l'induction anesthésique un arrêt cardiocirculatoire dont l'étiologie a été attribuée à une anaphylaxie cardiaque imputable à l'atracurium. Après 60 minutes de réanimation infructueuse et persistance de l'asystolie, une circulation extracorporelle (CEC) artérioveineuse par abord inguinal était débutée. Une activité cardiaque était obtenue 20 minutes plus tard après trois chocs électriques externes. Le sevrage de la CEC était réalisé en 120 minutes avec un support par catécholamines. L'évolution était favorable sans séquelle neurologique ou cardiaque après réalisation d'une splénectomie pour hémopéritoine secondaire au massage cardiaque externe. Le bilan biologique réalisé après 30 minutes d'évolution de l'arrêt cardiocirculatoire mettait en évidence une importante augmentation de l'histaminémie plasmatique associé à une tryptase sérique modérément augmentée. Le bilan cutané réalisé à distance confirmait une allergie isolée à l'atracurium. La CEC est la technique la plus efficace de réanimation des arrêts cardiocirculatoires réfractaires au traitement conventionnel mais la moins disponible en dehors des blocs de chirurgie cardiaque.

Abstract

We report the case of a 55-year-old woman ASA 2 scheduled for a cholecystectomy, who presented 25 minutes after the induction, a circulatory arrest probably due to a cardiac anaphylaxis attributed to atracurium. After 60 minutes of futile resuscitation without any spontaneous cardiac rhythm a percutaneous cardiopulmonary bypass (CPB) was initiated. Twenty minutes later and after three external electric shocks electric cardiac activity returned normal. The weaning was possible 120 minutes later with catecholamine support. She left the intensive care unit on postoperative day seven after a laparotomy secondary to splenic injury due to intensive cardiopulmonary resuscitation. She was discharged home without any neurologic or cardiac sequellae. Biological assessment done during the circulatory arrest and cutaneous tests performed ten weeks later confirmed an isolated allergy to atracurium. CPB is the most efficient support in case of reversible cardiac arrest but unfortunately the less accessible outside from cardiac surgery unit.

Introduction

Le choc anaphylactique est une situation redoutée en anesthésie. Le pronostic vital du patient dépend alors de la précocité du diagnostic et de la rapidité de la prise en charge thérapeutique. Nous rapportons la survenue, chez une femme de 55 ans, d'un arrêt cardiocirculatoire apparu à distance de l'induction anesthésique et pour lequel le diagnostic le plus probable a été attribué à une anaphylaxie cardiaque à l'atracurium. Le traitement avec succès de cet arrêt cardiocirculatoire résistant au traitement conventionnel a été réalisé grâce à une circulation extracorporelle artérioveineuse transitoire.

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Observation

Une femme de 55 ans, ASA 2, devait être opérée d'une cholécystectomie par cœlioscopie. Ses antécédents étaient marqués par un syndrome de Fernand Widal, une allergie à l'ananas et au kiwi. À l'issue d'une consultation d'allergologie antérieure, l'éviction définitive du latex lui avait été conseillée en raison d'un test cutané positif et d'une réactivité croisée connue avec les fruits exotiques, et ce, malgré l'absence d'une histoire clinique évocatrice d'allergie au latex. Elle avait déjà été

Commentaires

La fréquence des réactions allergiques, tous grades confondus, est estimée à 1 pour 13 000 anesthésies. Les curares sont le plus souvent responsables (54 %), suivi du latex (22 %) et des antibiotiques (15 %) ; si on ne retient que les anesthésies générales comportant un curare dans le protocole anesthésique l'incidence est donc d'environ 1 pour 6 500 dont moins de 10 % sous la forme de réaction de grade 4 (inefficacité cardiocirculatoire) [2]. Dans le cas de cette patiente, les premiers signes

Conclusion

Malgré une imputabilité chronologique douteuse, l'atracurium semble être le médicament responsable de ce choc anaphylactique à tropisme cardiaque. Lorsque le choc devient réfractaire aux manœuvres classiques de réanimation et a fortiori en cas d'arrêt cardiocirculatoire, la mise en route rapide d'une CEC doit être envisagée comme ultime recours thérapeutique. Elle permet transitoirement de maintenir un débit circulatoire et une oxygénation tissulaire de qualité jusqu'à la restauration d'une

Remerciements

À Y. Canedo, infirmière-anesthésiste, et à l'équipe de chirurgie cardiaque — tout particulièrement aux docteurs F. François, A. Dubar et P. Courant — pour leur aide dans ces instants de grande tension.

Références (24)

  • Recommandations pour la pratique clinique. Recommandations du Jury. Texte court. Prévention du risque allergique peranesthésique

    Ann Fr Anesth Reanim

    (2001)
  • G. Marone et al.

    Human heart mast cells in anaphylaxis and cardiovascular disease

    Int Arch Allergy Immunol

    (1995)
  • Cited by (0)

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